Plateforme aéroportuaire de Roissy: 17 entreprises et 50 000 employés s'engagent pour le covoiturage.
En ce mois de septembre les volumes de covoiturage domicile-travail explosent après un an et demi de crise sanitaire. Découvrez comment les entreprises s'engagent pour développer le covoiturage et proposer une alternative plus durable à leurs collaborateurs.Retour sur un lancement d'envergure pour plus de 50 000 employés avec Carole Uzan, chargée de mission mobilité pour la CCI 95 et l'association R'Pro'Mobilité.
En ce mois de septembre les volumes de covoiturage domicile-travail explosent après un an et demi de crise sanitaire. Découvrez comment les entreprises s'engagent pour développer le covoiturage et proposer une alternative plus durable à leurs collaborateurs.
Retour sur un lancement d'envergure pour plus de 50 000 employés avec Carole Uzan, chargée de mission mobilité pour la CCI 95 et l'association R'Pro'Mobilité.
Bonjour Carole, pouvez-vous nous présenter le contexte de mobilité autour de la plateforme aéroportuaire de Roissy ?
Nous venons de réaliser une enquête de déplacement très précise auprès des salariés. L’aéroport de Roissy est le plus grand aéroport français, avec environ 86000 salariés. Les voies routières permettant d'accéder à la plateforme sont régulièrement saturées et le RER B, qui dessert l’aéroport, n’est pas assez performant et peine à accueillir l'ensemble des salariés se rendant sur Roissy.
Concernant les lieux de résidence on observe une très grande dispersion des salariés autour de la plateforme. Une étude de domiciliation a montré que le sud de l’Oise est le premier lieu de domiciliation après Paris. L’Oise n’étant pas en Ile de France la discussion avec les transporteurs est plus compliquée, la tarification n’est pas la même. Ce cumul de difficultés autour de Roissy nécessite de trouver des solutions alternatives.
Enfin, notre étude montre qu’une partie importante des travailleurs ont des niveaux de salaire peu élevés et travaillent de jour comme de nuit. Sachant qu’une personne dépense en moyenne 3500 euros par an pour son véhicule, l’auto-solisme a un coût très élevé pour chacun des salariés concernés.
En effet, on constate un contexte très propice au covoiturage. Suite à cette enquête de déplacements, quelles initiatives avez-vous décidé de mettre en place ?
Entre 2010 et 2014, les travaux menés par les équipes de l’association concernaient principalement de l’amélioration de la connaissance des transports en commun. En effet le réseau de bus de Roissy est très dense avec parfois des bus portant deux fois le même numéro !
Nous nous sommes ensuite tournés vers le covoiturage car aujourd’hui 90% de nos salariés viennent en voiture. La logique est la suivante : puisque les salariés viennent en voiture, plutôt que de leur faire directement changer de mode, ce qui est extrêmement compliqué, nous leur proposons une alternative en les incitant à partager leurs trajets. Cela permet d’effectuer une transition vers un mode de transport plus écologique sans que le changement de mode ne soit trop brutal.
R'Pro'Mobilités déploie Karos pour faciliter l'accès à la plateforme aéroportuaire.
Pourquoi avoir choisi Karos ? Quels sont les éléments qui vous ont convaincus que Karos était le bon partenaire de covoiturage ?
Compte tenu de l’envergure de notre projet, nous avons fait une analyse multicritère, suivie d’auditions des différents prestataires consultés et enfin de votes des entreprises. Un critère essentiel, en plus de l’aspect financier, était la capacité d’écoute de notre futur interlocuteur car nous avons 17 entreprises différentes. Karos a montré un réel intérêt à notre projet, une grande flexibilité et une réponse adaptée à notre contexte, adaptée à nos besoins. Les outils proposés étaient également très ergonomiques, faciles d’usage.
Quelles sont les ambitions que vous avez pour le covoiturage ? Avez-vous des objectifs à atteindre ?
Le covoiturage est la première action de l’association à grande échelle. Nous avons pour ambition que d’ici 3 à 5 ans le covoiturage devienne une réelle alternative lors des déplacements domicile-travail des salariés.
Les collaborateurs pour la majorité, n'abandonnent pas leur voiture d’eux même mais d’après notre enquête, 2⁄3 des salariés envisagent le covoiturage en cas de panne ou de grève. Nous aimerions que ces personnes considèrent la possibilité de covoiturer chacun quelques jours dans l’année. Notre ambition est que le covoiturage fasse démarrer des réflexions sur la mobilité à Roissy pour que l’on puisse, par la suite, envisager d’autres modes, comme le vélo.
Compte tenu de l’accessibilité de Roissy, est-il possible de faire du vélo aujourd’hui? Quels aménagements ont été réalisés et quelle est votre ambition d’ici 5 ans concernant ce mode?
Le groupe ADP, membre de l'association, est le gestionnaire de l'aéroport et réalise tous les aménagements. Il participe actuellement aux études de mise en place d’un schéma vélo à grande échelle lancées par la communauté d’agglomération de Roissy Pays de France et auquel participe également la CCI Val d’Oise. L’avantage de ce projet est qu’il dépasse le simple plan de mobilité de l’aéroport et pourrait permettre un réel maillage des pistes cyclables bien au-delà de l’aéroport : les salariés pourraient se déplacer de leur village vers l’aéroport et vice-versa.
En ce qui nous concerne, nous avons pour projet de mettre en place deux stations de vélos partagés. Je suis persuadée que le cumul du vélo et du covoiturage va avoir un effet d'enchaînement, les salariés vont prendre l’habitude de changer de mode de transport, en fonction des aléas, de la météo, des pics de pollution...
Affiches Karos pour promouvoir le covoiturage au lancement.
Comment se passe le lancement d’un projet de covoiturage à une telle échelle ? Quelles actions sont mises en place? Quelle relation avez-vous avec votre chef de projet ?
Nous avons fait un lancement digital, suite à la crise sanitaire. Notre cheffe de projet, Hortense, nous a proposé plusieurs animations et des réunions très bien organisées. La plateforme en ligne propose aussi de nombreux outils permettant d’organiser quelques animations soi-même. La Poste a par exemple déjà utilisé ces outils. C’est formidable qu’au sein d’une structure de plusieurs entreprises, que certaines, plus motivées, puissent trouver les outils leur permettant d’aller plus vite que d’autres. Pendant la semaine de la mobilité nous avons fait une campagne d’affichage dans tous les bus RATP à destination de Roissy. Nous sommes convaincus qu’il est très important de communiquer sur le projet auprès de tous les salariés même ceux qui ne font pas partie de l’association R’Pro’Mobilité. Notre vision du covoiturage ne s’arrête pas à notre association, l'important est que le covoiturage devienne un réflexe au sein du pôle de Roissy-Charles de gaulle.
Quel est votre avis sur la relation entre les collectivités et les entreprises dans le déploiement du covoiturage ?
Les collectivités ont plusieurs options pour encourager des modes de transports plus doux. Concernant le covoiturage, je pense que sa mise en place doit être pensée à l’échelle du territoire, au-delà des initiatives de chaque entreprise : le covoiturage a besoin d’une masse critique importante. Il doit donc être initié à l’échelle de la collectivité avec la participation active des entreprises, regroupée en association ou en plan de mobilité employeur commun, comme R’Pro’Mobilité.
Par ailleurs, le covoiturage est très facile à déployer, sans aucun coût d’infrastructure !